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                Dominique Appietto

Il ne fait aucun doute qu’il existe un monde invisible. Cependant, il est permis de se demander à quelle distance il se trouve du centre-ville et jusqu’à quelle heure il est ouvert.     Woody Allen

 

 

Mon premier appareil photo en main, je partais en Chine avec mon père. Je photographiais alors la Chine avec l’impression que s’offrait à moi un univers merveilleux. Avec l’impression qu’en Chine, tout ce que je photographiais se transformait en or.

J’étais alors frappé par une malédiction.

A mon retour de Chine, je ne savais plus photographier.

Je m’échinais à parcourir les rues de Nice avec mon appareil photo sans y rencontrer le moindre paysage chinois. Je développais des 36 poses et des 24 poses sans le moindre enthousiasme. Je déchirais des dizaines de photos en prenant soin de garder les négatifs comme preuves de mon manque d’inspiration.

Faisant preuve d’un sadisme inouï, je faisais tirer des diapositives et obligeais ma famille à regarder 250 photos plus ou moins ratées du carnaval de Nice dans la moiteur d’une nuit d‘été.

Le pire était à venir.

De retour dans ma ville natale, j’achetais sur un site Internet Chinois un nouvel appareil photo numérique. Je pensais alors qu’un nouvel appareil photo me motiverait. Avec le numérique je pourrais multiplier 36 poses par 1000. Mais au lieu de cela, je fatiguais mon épaule droite avec la bandoulière de mon appareil photo sans prendre un seul cliché, justement par peur des clichés.

Je faisais alors un rejet de ma ville natale non sans ironiser sur son impossible photogénie.

 

Lors d’un atelier proposé par la Ville, dirigé par le photographe jacques Maton et la sociologue Liza Terrazzoni, je voyageais enfin !

Non pas en Chine mais à quelques centaines de mètres  de ma rue. Là, je découvrais tout un monde jusqu’alors inconnu de moi. Avec cette impression d’être un intrus, un voleur de choses et de gens. Mais un photographe, ça oui !  
A Paris, une exposition de Chris Killip : What Happened Great Briain 1970-1990 me bouleversait.

Je commençais alors mon travail photographique.

Avec dans la tête la mélodie entêtante et les mots si justes de Dominique A., un chanteur trop méconnu avec qui je partage les initiales.

 

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